dimanche 4 juin 2017

PAUL DE ROUX

PAUL DE ROUX

Ⓒ O. Giroud


Dimanche 9 juillet, à 12h / Hommage à PAUL DE ROUX, poète
Cour de la Cure Saint Maurice, Place Saint Paul


Décédé à Marseille pendant l’été 2016, Paul de Roux avait été l’invité de Lettres sur cour en 1998, avec Jacques Réda à qui le liait une solide amitié. Et il est venu à Lettres sur cour à plusieurs reprises, accompagner d’autre amis poètes.
  Né à Nîmes en 1937, il passera toute sa vie professionnelle dans l’édition, notamment dans le secteur encyclopédique de Robert Laffont, pour le Dictionnaire des œuvres, dont il fut le rédacteur en chef. En 1969, il crée une revue de littérature, La Traverse, avec Pierre Leyris, Bernard Noël, Georges Perros, Jean Queval, Henri Thomas…
En 1980 paraît aux éditions Gallimard un premier recueil de poèmes, Entrevoir, aussitôt salué par Claude Roy. D’autres recueils suivront régulièrement jusqu’au dernier, À la dérobée, paru en 2005.
Paul de Roux a également publié ses carnets sous le titre d'Au jour le jour  (4 tomes au « Temps qu’il fait » et le dernier au « Bruit du Temps ») ; un roman, Une double absence (Gallimard, 2000) ; des livres consacrés à la peinture, et de rares traductions de l’anglais dont Hypérion de Keats, à La Dogana.
Trois de ses recueils de poèmes, Entrevoir, suivi du Front contre la vitre et de La Halte obscure, ont été réunis en un volume dans la collection Poésie/Gallimard, préfacé par Guy Gofette. «Sa poésie contemplative et sensuelle à la fois, déploie en des vers libérés de toute contrainte, dans une langue simple, dépouillée d’artifices, d’images intempestives et d’envolées lyriques, une célébration de la vie donnée ici et maintenant. », écrit-il, et encore : «Le rôle du poète, pour Paul de Roux, n’est pas de changer le monde, mais de se changer soi-même en le regardant dans les yeux, jour après jour, avec la volonté d’entrevoir […] ce que la vie veut  nous dire […] .»
C’est à cette poésie-là que Lettres sur cour a souhaité rendre hommage cette année, à ce poète qui nous a accompagnés.


« J’aimerai cette pauvre lumière

qui est sur vous, mes murs.

Cette pauvre lumière que vous me tendez

je m’en contenterai, oui, je la célébrerai »

(« L’amitié des murs », in Entrevoir, Gallimard, 1980)



« Impression qu’il faudrait faire quelque chose, mais quoi ?

quelque chose qui ne désespérerait pas d’une journée d’été

ni de toutes les images anciennes – même dans ces périodes

il y eut les hautes cimes des arbres, indemnes

et la détestation n’y peut rien – quelque chose

à bâtir avec le balai du balayeur de rue au matin

quand une hirondelle pique d’un cri le ciel de la ville

ou bien ce serait quelque chose à défaire, comme on se penche

quand on veut défaire le nœud d’une chaussure.»

(« Faire ? défaire ? » in Le front contre la vitre, Gallimard, 1993)



« Ni une langue ni un dieu, jamais,

ne m’auraient satisfait : trop vastes les herbiers,

nombreuses les chansons et les rives de la mer,

les cités des hommes et celles des fourmis :

seuls des dieux et leur incongruité,

des langues et leurs pièges subtils

sont à la mesure du ciel et de ma soif. »

(« Un polythéiste attardé », in Allers et retours, Gallimard 2002.)



« Les mots m’échappent

qu’ils s’envolent !

Créature lourde, entravée,

que je ne les retienne pas

eux qui me viennent légers,

d’un espace sans mesure

interdit à mes pas. »

(« Caliban » in La halte obscure, Gallimard, 2014)



« Tu diras la vie qui t’a rejoint

dans le silence de l’aube et le fouillis

des choses entassées et des échecs,

amoureux soudain du souvenir des plages

et du soleil dans les pins, de l’inaltérable

jeunesse des instants où les bras

et la mer se comprennent. »

(« L’inaltérable » in La halte obscure, Gallimard, 2014)



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