jeudi 8 juin 2017

LES AUTEURS INVITES : HUBERT HADDAD

HUBERT HADDAD

ⓒNemo Perier Stefanovitch

 Samedi 8 juillet, à 12h / Buffet littéraire : Hubert Haddad présente la revue Apulée

Samedi 8 juillet, à 15h / Lecture rencontre : Hubert Haddad
Accompagnement musical : Saïd Idrissi Oudghiri (darbuka) et Léo Fabre-Cartier (oud, lotar)
Cour de la Cure Saint Maurice, Place Saint Paul


L'oeuvre d'Hubert Haddad ressemble en cela au canevas complexe d'un somptueux tapis que pris un par un chaque noeud est aussi important, aussi parfait que le suivant -disons par exemple ses nouvelles, regroupées en deux coffrets qui sont des modèles d'invention où l'auteur exerce sans réserve son talent à explorer et l'imaginaire fictionnel et les infinies variations de la langue : "au magasin de l'imaginaire on peut tout s'offrir sans perdre un sou de réalité"-.
Prise dans son ensemble, la bibliographie de Haddad expose une cohérence qui n'a d'égale  dans sa limpidité que la diversités des thèmes abordés. Qu'il se présente en romancier ou en poète, qu'il s'essaie au roman zen ou à la chronique de la plus brûlante actualité :"Palestine", il explore dans le cadre de la nouvelle fiction, courant littéraire qu'il a créé avec quelques autres écrivains -dont Chateaureynaud, autre éminent nouvelliste- l'immense terrain de jeu de la création littéraire.

Lorsque paraît en 2016 la revue Apulée dont Hubert Haddad est le fondateur, c'est avec la même liberté, la même exigence intellectuelle qu'il donne la parole à tous les champs de la création intellectuelle : plasticiens, poètes, philosophes, historiens, et qu'il ouvre un espace  consacré au métissage des cultures, à l' intrication des traditions, des pensées et des peuples. La revue se propose avec plus de 70 contributeurs de réfléchir aux galaxies identitaires, principalement du pourtour de la méditerranée :« Sortir du manichéisme ordinaire, montrer la proximité charnelle, la nécessité où nous sommes d’admettre la contiguïté existentielle, la convivance des uns et des autres, tout le reste étant masquage idéologique ou aveuglement sectaire. L’essentiel de notre réalité partagée est symbolique, acquise, culturelle. Nous sommes traversés de légendes et de rêves et des mille palimpsestes d’encyclopédies évanouies ». Les 400 pages de la revue sont là pour rappeler que la simplification n'amène que des conclusions erronées, que nous sommes faits de milliers de tangentes intriquées les unes dans les autres, des mille pièces du puzzle multiculturel que constitue notre histoire.

Michel Edo 

 Hubert Haddad, aux Editions Zulma

La revue Apulée, sur le site des Editions Zulma 


 Extraits de "Le Peintre d'éventail "
"Le chemin grimpait maintenant entre les buissons de fusains, d'aralias et de houx, parmi des rochers d'inégales dimensions émergeant des mousses et des lichens ambrés, avec en arrière-plan des pins parasols et des cèdres nains. Il ne pouvait qu'admettre une fois de plus la souveraineté de la nature. Jardiniers et maîtres paysagers s'épuisaient en vain dans l'imitation de son aspect sauvage. Tant d'harmonies et d'heureux contrastes n'étaient pas dus au seul hasard : des millénaires d'ajustement avaient façonné ces abords jusque dans la sensibilité de générations contemplatives. Seules, la foudre, les intempéries ou la dégénérescence liée à l'incurie humaine pouvaient s'attaquer au paysage. Mais une magie native remodelait vite ces espaces. La nature respirait de tous les souffles de la montagne. Son énergie calme était comme la pensée des éléments, un dialogue entre ciel et terre. Matabei s'immobilisa, l'esprit aux aguets. Une bourrasque échevela un cèdre pleureur aux lianes d'or : portées par le vent, les cloches d'un sanctuaire shinto tintèrent en même temps que sifflait le milan. A quelle fin les signes du monde, coïncidaient-ils ?"
"Ecoute le vent qui souffle. On peut passer sa vie à l'entendre en ignorant tout des mouvements de l'air. Mon histoire fut comme le vent, à peu près aussi incompréhensible aux autres qu'à moi-même."
Extrait de "Apulée n°1"
" Homère et l'art de creuser un sabot appartiennent, presque à même altitude, au phénomène humanité : toute la culture est dans ce "presque". La nuance est notre dimension. Notre désir et nos choix génèrent le monde. [...]La culture remplace un vide qu'elle a créé. En place de l'instinct veille l'éternité du désir inaccompli. Cette vertu de rendre inattendue l'ample réalité, toujours ardente et prête aux plus apuléennes métamorphoses, tient en grande part à ce miracle de la littérature. Homère, en effet, sans cesse nous engendre dans la proximité des nuages ou l'effroi des antipodes."

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